Pour un retour de la drachme
Par Antoine Belgodere le mercredi 26 octobre 2011, 15:25 - réflexions ou tentatives - Lien permanent
Nicolas Sarkozy et Angela Merkel se démènent pour sauver l'Euro. Si j'étais grec, pas sûr que je souhaiterais qu'ils y parviennent.
Pour comprendre ce point du vue, il faut commencer par bien formuler les problèmes. Concernant la Grèce, il y en a deux bien distincts, quoi qu'ils soient intimement liés l'un à l'autre : le premier est un problème de solvabilité de l'Etat Grec, le second est un problème de crise économique. Même s'il est difficile de parler d'un problème sans évoquer l'autre, il faut garder en tête qu'ils ne sont pas identiques.
Un Etat insolvable
Le problème de la solvabilité, en soi, est assez simple : l'Etat Grec ne peut pas payer sa dette, et ne peut donc plus lever de fonds à un taux d'intérêt raisonnable sur les marchés financiers. Le graphique suivant, tiré de données d'Eurostat, permet de se faire une idée de la situation :
En 2005, la dette publique représentait seulement une année de PIB, ce qui n'est certes pas mince, mais pas catastrophique. Le déficit primaire (c'est à dire hors charge de la dette) était inférieur à 1%. Mais le déficit incluant la charge de la dette dépassait les 5%, ce qui n'est guère favorable à la stabilité de la dette. 4 phénomènes font que la crise a considérablement aggravé la situation :
1- Pendant une crise, les dépenses publiques augmentent (prestations chômage...)
2- Pendant une crise, les recettes fiscales diminuent (car elles sont appuyées sur l'activité).
3- Pendant une crise, le PIB ralentit puis diminue, ce qui fait baisser le dénominateur dans le ratio dette/pib
4- Quand les prêteurs (qui ne sont pas nécessairement des spéculateurs, mais simplement des gens qui s'inquiètent de savoir si leur argent sera remboursé) commencent à douter de la soutenabilité de la dette, ils prêtent moins volontiers, ce qui fait augmenter le taux d'intérêt, ce qui alourdit la charge de la dette.
On comprend bien que le point 4- peut être à l'origine d'un effet boule de neige particulièrement dévastateur, ce qui, par parenthèse, donne un argument aux partisans d'une rigueur budgétaire en temps ordinaires (c'est à dire hors récession) : un Etat faiblement endetté peut se permettre, exceptionnellement, lorsqu'une crise l'exige, de connaître deux ou trois années de déficit élevé sans craindre pour sa solvabilité.
Tout cela ne signifie pas que l'Etat grec soit irréprochable, qu'il n'y ait pas de difficulté à prélever l'impôt en Grèce, etc. Mais les circonstances n'aident pas, c'est le moins qu'on en puisse dire. (pour une présentation à plus long terme des déficits grecs, lire ce billet de Verel.)
La question est donc : comment organiser le défaut partiel de l'Etat grec ? Autrement dit : à quelle hauteur doit-il s'exercer ? Peut-on obtenir un consensus des créanciers ? Comment éviter de fragiliser les banques créancières ? Comment les recapitaliser ? Ces questions en entraînent d'autres, inévitables, telles que : comment faire fonctionner le Fonds Européen de Stabilité Financière ? La BCE pourra-t-elle le financer ? Comment éviter que d'autres pays ne profitent de ce fonds pour éviter de contrôler leurs déficits, etc.
Un pays en crise
Toutes ces questions, si intéressantes soient-elles, ne disent pas grand chose sur le deuxième grand problème de la Grèce : la crise. Toujours prises sur Eurostat, voici les données sur le chômage en Grèce depuis 2006 :
La situation grecque est la suivante : le nombre de chômeurs a été multiplié par deux en quelques trimestres. Et bien que les questions posées par les exécutifs français et allemand soient éminemment pertinentes, on comprend mal en quoi les réponses éventuellement trouvées pourraient de quelque manière apporter un début de solution à ce problème.
Rappelons les bases. Cette crise est une crise de la demande. Qu'est-ce que cela signifie ? Tout simplement qu'elle provient d'une diminution forte de la dépense agrégée. On peut suivre Scott Sumner, qui préconise (via econoclaste) de détecter l'évolution de la demande à travers le PIB nominal (et qui a été récemment approuvé en cela par Paul Krugman. J'en profite pour saluer cette convergence inespérée entre deux grands esprits). Voici ce que cela donne pour la Grèce :
En 2011, la dépense globale en Grèce est inférieure d'environ 25% à ce qu'elle serait si elle avait suivi la même évolution qu'entre 1995 et 2007. Il n'y a, en Grèce aucune poussée inflationniste :
Et le PIB réel diminue :
Retour aux fondamentaux
Contrairement à ce que certains pourraient penser, il existe un vaste consensus chez les économistes pour prédire qu'une chute aussi forte de la dépense nominale se traduit nécessairement par une contraction de l'activité et un accroissement du chômage (cf. par exemple, ce qu'en pensent les très conservateurs John Cochrane et Robert Barro, via toujours Scott Sumner). Et dans ces cas là, il existe fondamentalement deux types de remèdes :
1- Un stimulus budgétaire (accroissement des dépenses publiques et/ou diminution des prélèvements obligatoires)
2- Un stimulus monétaire (création de liquidités par la banque centrale)
Tant que la Grèce appartient à la zone Euro, le stimulus monétaire est tout simplement impossible. Il faudrait, pour qu'il soit mis en œuvre par la BCE, que l'ensemble des pays de la zone soient dans la même situation que la Grèce. Tant que ça n'est pas le cas, un tel stimulus est impossible car les pays qui vont mieux que la Grèce, Allemagne en tête, prétendront (non sans raison) qu'un tel stimulus aurait des dérives inflationnistes chez eux. On touche là du doigt ce qui définit une zone monétaire optimale, ou plutôt, par contraste, une zone monétaire non optimale : lorsque des pays différents ont des conjonctures différentes, il leur est difficile de partager la même politique monétaire : celui dont la conjoncture est bonne préfère une politique monétaire rigoureuse, afin d'éviter l'inflation, tandis que l'autre réclamera une politique plus accommodante pour relancer l'activité. Aucune politique monétaire ne peut satisfaire les deux simultanément. La zone Euro serait une zone monétaire optimale si les chômeurs Grecs avaient massivement migré en Allemagne pour trouver un emploi, et si la reprise Allemande avait stimulé les importation germaniques en provenance de Grèce, de manière à relancer l'activité hellénique. Manifestement, rien de cela ne s'est produit.
Quant au stimulus budgétaire, il faudrait être aveugle pour ne pas voir que les plans de sauvetage de la Grèce ont précisément pour objet de baisser la dépense publique et d'accroître les prélèvements obligatoires, ce qui constitue, précisément, l'inverse d'un stimulus. Peut-on d'ailleurs en faire le reproche à Sarkozy et Merkel ? On comprendrait mal qu'ils se mobilisent pour annuler 50% de la dette Grecque, et qu'ils demandent en même temps à la Grèce de se ré-endetter à la même vitesse. Pourtant, le résultat du premier plan de sauvetage a déjà été une contraction accélérée de l'activité, et finalement une aggravation du problème de l'endettement. Si, comme le souhaite le couple franco-allemand, le déficit public est ramené de 10% à 5% du PIB en 2012, cela constituera un contre-stimulus de 5 points de PIB, alors qu'il faudrait un stimulus d'au moins autant pour commencer à combler l'écart entre le PIB potentiel et le PIB effectif.
Un salut dans l'Euro, mais peu crédible
Est-ce à dire qu'il n'est point de salut pour la Grèce dans l'Euro ? Pas tout-à-fait. Il existe bien une solution théorique, mais elle semble politiquement totalement irréaliste. Il s'agirait d'autoriser la BCE à racheter la totalité de la dette grecque sur une dizaine d'années et à ne pas se faire rembourser. Dit comme ça, ça peut sembler extrême. Ca ne l'est pas tant que ça. La dette Grecque représente environ 300 milliards d'euros, le PIB de la zone Euro environ 9000. Le ratio est donc d'environ 3,33%. Les choses sont un peut plus délicates lorsqu'on rapporte la dette grecque à la base monétaire, c'est à dire aux moyens de paiement émis par la BCE, qui sont de l'ordre de 1000 milliards d'Euros. Mais rachetée sur 10 ans, cela représenterait de l'ordre de 3% de la base monétaire par an, soit une somme pas si terrible.
Certains s'effraieront peut-être de ce que cela conduise la BCE à la faillite, ce à quoi on peut répondre que la BCE peut difficilement faire faillite. Une banque fait faillite lorsque son actif ne lui permet pas de rembourser ses dettes. La BCE pourra toujours rembourser ses dettes, du moins libellées en Euro, puisqu'elle crée l'Euro. C'est son privilège !
Cette monétisation totale de la dette grecque, accompagnée d'un plan crédible de stabilisation des dépenses de fonctionnement, permettraient à l'Etat de se ré-endetter un peu, sur deux ou trois ans, afin de mettre en œuvre de vastes programmes d'investissement temporaires. Si le plan est suffisamment crédible, le financement pourra se faire à des taux d'intérêt raisonnables.
Soyons sincère, ce que je viens d'écrire me brûle les doigts. Monétiser une dette pour se ré-endetter, c'est ce qui définit le populisme macroéconomique, c'est ce qui est à l'origine de toutes les crises d'hyper inflation que le monde ait connues, et c'est aux antipodes de ce que je considère d'ordinaire comme une bonne politique économique. Mais pour être clair, la gravité de la situation fait qu'il n'y a que de mauvaises solutions. Et celle qui consiste à laisser la Grèce s'enfoncer sans plan de relance ni stimulus monétaire ne me paraît pas être la moins mauvaise.
Ce qui m'effraie dans une solution de ce type, ça n'est pas tant directement l'hyperinflation liée à la monétisation, car les ordres de grandeurs ne sont pas si effrayant, mais c'est les dérives qu'elle ne manquerait pas de susciter de la part des autres pays lourdement endettés de la zone, qui pourraient être tentés de suivre l'exemple. Et l'Italie, c'est plus grand que la Grèce.
Autre problème, plus fondamental, de cette solution : elle maintient la Grèce dans une zone monétaire qui la prive de politique monétaire, et dont on a vu qu'elle n'avait rien d'optimal.
La Drachme, c'est la fin de l'étalon-or
L'autre solution consiste donc, pour la Grèce, à retrouver une politique monétaire, en retournant à la Drachme. Cette solution est systématiquement balayée d'un revers de main par tous les gens sérieux, au prétexte suivant : la Drachme serait instantanément dévaluée, et la dette étant libellée en Euro, son poids exploserait exprimée en Drachme.
Cet argument ignore simplement le fait que si l'on peut imposer aux créanciers de l'Etat grec de perdre 50% de la valeur de leur créance, on peut tout aussi bien leur imposer un changement de la devise de leur créance. Je ne dis pas que c'est facile, mais ça ne semble pas beaucoup plus difficile que de faire accepter un défaut.
A quoi pourrait ressembler un tel scenario ?
Soyons clairs : pas à un rêve. Mais encore une fois quand il n'y a que de mauvaises solutions...
L'Etat grec annonce, brutalement, que tous les contrats libellés entre grecs en Euro seront désormais libellés en Drachme, sur une base de 1 drachme = 1 euro, que la dette publique grecque libellée en euros sera dorénavant libellée en Drachme sur la même base. Pour les autres contrats entre Grecs et non Grecs libellés en euro... il faut voir (peut-être les conserver en euro avec possibilité de renégociation...).
La Banque centrale grecque se voit dotée d'un status provisoire lui permettant de racheter massivement de la dette publique, ce qui lui permet de créer les premières unités de la Drachme. Bien sûr, elle en crée plus que ce qu'il faudrait pour assurer la stabilité des prix. Cette politique permet d'ancrer une anticipation d'inflation assez forte pendant trois ou quatre ans, ce qui entraîne : 1) une dévaluation de la Drachme qui permet de stimuler les exportations grecques, 2) une diminution du taux d'intérêt réel ce qui stimule l'investissement. 3) Une diminution de la valeur réelle de la dette, ce qui est une façon de faire partiellement défaut sans faire vraiment défaut.
La politique monétaire présente un énorme avantage sur la budgétaire : elle n'implique pas de dérive des dépenses publiques. Par conséquent, un tel plan pourrait être mis en œuvre sans que l'Etat grec ne renoue avec les dérives passées. Je ne dis pas que, dans l'éventualité d'une mise en œuvre d'un tel plan, l’État grec deviendrait brutalement vertueux au plan fiscal, je dis juste que la rigueur ne serait, dans ce cas, pas incompatible avec l'efficacité d'un stimulus monétaire.
Il va de soi qu'un tel scenario comporte la menace d'une dérive inflationniste, qui serait de nature à fâcher les grecs tout autant que le chômage actuel. Mais, d'une part, ça n'est pas certain et peut être évité, d'autre part, l'histoire montre que l'inflation excessive peut être efficacement combattue, au prix de petites crises passagères.
Je ne doute pas que ce message suscitera des réactions indignées, de gens pensant que je suis devenu hérétique. Je demande par avance à ces gens de tenir compte de deux choses :
1- J'ai bien dit et répété qu'il n'y avait, face à la gravité de la situation, que de mauvaises solutions, celle défendue ici en fait partie.
2- L'histoire connait un autre épisode célèbre de pays empêtrés dans une crise obtenant de bons résultats en retrouvant une politique monétaire : c'est l'abandon de l'étalon or au début des années, 30, annoncé à juste titre par Keynes comme une bonne nouvelle.
Commentaires
Merci pour cet excellent article, qui a le mérite d'étudier sérieusement des options hétérodoxes, mais probablement plus définitives que les rafistolages successifs auxquels on a le droit en ce moment.
Une question cependant sur le retour à la drachme : comment gérer la fuite inéluctable des capitaux hors du pays au moment la sortie de l'euro ? Il semble à peu près clair que les investisseurs particuliers ou institutionnels feront sortir leurs actifs en dehors du pays dès les premières rumeurs de sortie de l'euro. Et même en les prenant par surprise , ils auront toujours intérêt à convertir immédiatement en devise étrangère et à investir ailleurs à l’étranger.
@Arthur : petite précision, je très orthodoxe ! Ce que je raconte dans ce billet n'est que la traduction de ce qu'enseignent les manuels les plus classiques de macroéconomie.
Cette précision étant faite, que faire pour éviter la fuite des capitaux ? Réponse : on ne peut pas ! mais 1) je n'ai pas le sentiment que les capitaux affluent en Grèce en ce moment, 2) une fuite de capitaux s'arrête lorsque le taux de change retrouve une valeur d'équilibre, et c'est même cette fuite qui entraîne la baisse du change, donc, de ce point de vue, elle est salutaire !
A en croire l'exemple argentin d'il y a dix ans, j'ai le sentiment que les pires difficultés se sont manifesté lorsque le peso était légalement arrimé au dollar, et que la pente a commencé à être remontée au moment de la dévaluation. J'en tire la conclusion suivante : il faut agir vite. Ce qui n'est pas une petite contrainte.
Probleme est que l'option drachme n'existe pas, la Greece peut sortir de l'Union Europeene mais pas de l'euro seulement. Rien a voir avec le systeme etalon-or qui etait une simple entente et non un traite. De plus le retour a la drachme ne regle rien (en fait il empire la situation) car la Greece a de large dettes (FMI, UE) en euros, meme pour la dette grecque en euros sous loi grecque il n'est pas evident que le Parlement peut redenominer cette dette en drachmes (viol les traites europeens).
@jck : je ne dis pas que ça peut être une initiative unilatérale (Papandreou, c'est pas Lénine !), mais ça ne me paraît plus compliqué de négocier une adaptation (rapide) des traités permettant à la Grèce de quitter l'Euro en restant dans l'UE (après tout, elle ne serait pas un cas unique) et de négocier une remise de dette auprès de l'EU et du FMI (dont le rôle est quand même fondamentalement d'aider les pays confrontés à ce genre de situation) que de créer un fonds de stabilité, de recapitaliser des banques, de faire accepter un défaut de 50% et peut-être de faire financer le fonds de stabilité par la BCE. Franchement, difficile pour difficile, autant essayer ce qui a des chances de marcher !
Alternative: utiliser des sociétés publiques grecques en collateral afin d'obtenir du cash pour les 3/4 années de déflation compétitives à venir ?
Une crise de surproduction façon années 30 ne devrait-elle pas entraîner une déflation? Ce n'est pas ce qu'on constate en Grèce.
De même, pour pouvoir relancer les exportations, il faut avoir un secteur pouvant exporter ou alors un cadre légal qui permette de créer rapidos des entreprises. Or il semble que ces 2 choses fassent défaut. Certes, la Grèce importe massivement des touristes ... mais par contre on n'est pas près de voir de la feta grecque remplacer la danoise au supermarché. La Grèce ne peut pas compter non plus sur des matières premières comme l'Argentine. Par contre, les importations vont se casser la gueule, vu que personne ne voudra faire confiance aux Grecs, le commerce en prendra un coup. C'est sans doute nécessaire mais pas forcément voulu.
Un autre point est qu'il eut été plus intéressant de faire ça en janvier 2010, pour que la surprise soit vraiment là. Maintenant, je pense que tous les Grecs un peu malins ont mis leurs € à l'abri dans des pays comme le Luxembourg, la Suisse, l'Autriche, etc.
Je ne vois pas très bien non plus comment on peut arrêter la contagion.
J'ai poste ce truc l'annee derniere "Withdrawal and Expulsion from the EU and EMU: Some Reflections" (http://www.aleablog.com/2010/01/11/...). Conclusion: pas de sortie sans payer un tres gros prix. (c'est logique). Techniquement la Grece pourrait demander a quitter l'UE, negocier un "opt-out" pour l'euro et avoir un statut comme le Danemark ou le RU.
Probleme c'est qu'avec un defaut de la Grece en prime qui va couter tres cher aux banques et aux contribuables de l'UE, je doute qu'il y ait un grand appetit pour ce scenario. En plus, il est tres dangereux, la Grece aujourd'hui et demain? Italie ... France..autant faire sauter l'euro tout de suite AMHA.
Pour la remise de dette vs FMI, aucune chance, le FMI a un statut special (preferred creditor status) et historiquement n'a jamais pris de pertes sur ses prets.
Pour les pays de l'UE, pas de statut special mais aucun pour le moment n'a propose de participer a une remise de dette, politiquement c'est delicat, donc les seuls a payer seront les banques, fonds de pension, assurances ce qui limite le benefice pour la Grece.
(pardon my french...perdu l'habitude)
@jck
Sans oublier que les principaux concernés par un "défaut de la dette grecque", comme je l'ai rappelé sur twitter, ce seraient les retraités grecs qui ne comptent que sur l'argent de leur fonds de prévoyance...
On a tendance à oublier que les principaux détenteurs de titres grecs, se trouvent en Grèce.
@Fabrice_BLR
Exact, c'est du suicide AMHA.
L' histoire montrera que Trichet avait raison, eviter un default grec aurait coute moins cher qu'un defaut quand on prends les degats collateraux en compte.
FYI: http://www.bbc.co.uk/news/business-...
J'ai compris que ce qui fait effet sur la croissance, c'est l'évolution de la demande et non son niveau
si la Grèce a "atteint le fond", elle devrait voir son PIB se stabiliser dans un premier temps?
Sinon, je retiens qu'un pays n'a pas intérêt à se retrouver dans une situation où il n'y a que de mauvaises solutions
En plus des diverses objections déjà avancées, il me semble que le retour à la drachme est infaisable en pratique. Il a fallu des années pour le passage à l'euro (systèmes comptables, impression de billets, réajustement des systèmes informatiques, etc).
Et dans le même temps, l'opération doit être accomplie par surprise, pour éviter que tous les grecs ne foncent à la banque pour aller retirer leurs avoirs en cash. Donc ca doit être décidé en pleine nuit, et ensuite, mettre l'armée devant chaque banque, et aux frontières pour éviter les départs de gens avec des valises de billets. Cf Argentine, ou même sans les difficultés techniques la sortie du currency board avait été violente. Si on ajoute à cela la probabilité non négligeable que certains proches du pouvoir profitent d'informations pour sortir leurs économies en douce, c'est la recette de l'émeute, voire pire. Ca serait extraordinairement violent.
Donc pas faisable. De mon côté je vois mal comment on pourra échapper à la monétisation, parce que viendra un moment ou ce sera ça ou la disparition de l'euro.
Merci à tous pour vos commentaires (honnêtement, je m'attendais à plus de virulence ;-) )
J'aimerais pouvoir vous répondre avec un contre-argument choc à chaque objection, mais je ne peux que m'abriter derrière ma posture peut être un peu trop confortable consistant à dire qu'il n'y a que de mauvaises solutions. J'en ai cité deux dans le billet : monétisation par la BCE, ou abandon de la zone euro. Implicitement, la troisième consiste à croire que les actions actuelles en faveur d'un défaut partiel permettront de régler le problème de la crise. Il ne s'agit donc pas de savoir s'il y a des coûts ou des difficultés à la sortie, de l'Euro, mais de savoir quelle solution a le plus faible écart coût-avantage.
Quelques éléments de réponse en vrac :
@Proteos : " pour pouvoir relancer les exportations, il faut avoir un secteur pouvant exporter"
D'après les données de la banque mondiale, les exportations ont diminué de 22% en valeur de 2008 à 2009. J'accepte totalement l'idée que dans une crise, les capacités de production en prennent un coup, mais dire que la Grèce de 2011 serait incapable de répondre à la demande d'exportations à laquelle elle répondait en 2008 me semble peu crédible.
Je note aussi que sur la même période de 2008 à 2009, l'investissement a plongé de 16%. Dans ma vision de l'économie, deux plongeons de ce type la même année ne peuvent pas ne pas déclencher une crise de surproduction.
@jck : "Probleme c'est qu'avec un defaut de la Grece en prime qui va couter tres cher aux banques et aux contribuables de l'UE, je doute qu'il y ait un grand appetit pour ce scenario. En plus, il est tres dangereux, la Grece aujourd'hui et demain? Italie ... France..autant faire sauter l'euro tout de suite AMHA."
Je ne suis pas en désaccord avec ça, mais le scenario qui est en train de se jouer maintenant, précisément, est un défaut. Je ne connais aucun scenario sans défaut. La seule question est de savoir qui va le subir et comment. Soit les créanciers via un défaut direct, soit la BCE via une monétisation, soit les créanciers via une drachmisation-dévaluation.
@ fabrice_blr"Sans oublier que les principaux concernés par un "défaut de la dette grecque", comme je l'ai rappelé sur twitter, ce seraient les retraités grecs qui ne comptent que sur l'argent de leur fonds de prévoyance...
On a tendance à oublier que les principaux détenteurs de titres grecs, se trouvent en Grèce.'"
Ok avec ça, mais encore une fois, dans tous les cas de figure, les créanciers sont mal, avec ou sans sortie de l'Euro. J'ajoute une chose : si une solution, quelle qu'elle soit, a d'importants effets distributifs internes à la Grèce (euthanasie des rentiers, fussent-ils retraités), ça n'est pas très grave : si la Grèce retrouve de la croissance, elle pourra bien avoir la politique sociale qui lui semblera adaptée à la situation.
@verel : "J'ai compris que ce qui fait effet sur la croissance, c'est l'évolution de la demande et non son niveau
si la Grèce a "atteint le fond", elle devrait voir son PIB se stabiliser dans un premier temps?"
une crise, ça peut durer longtemps. Ca a duré 10 ans au Japon dans les années 90, et aux Etats Unis dans les années 30, ça a duré plus de 10 ans, malgré un new deal et un abandon de l'étalon or. Là, en Grèce, il n'y a ni plan de relance ni abandon de l'étalon or (= de l'euro). donc à mon avis, ça peut durer.
@Alexandre : "Il a fallu des années pour le passage à l'euro (systèmes comptables, impression de billets, réajustement des systèmes informatiques, etc)."
C'est très difficile de se coordonner pour créer une monnaie commune. Pour faire cavalier seul, il n'y a pas tant de problèmes de coordination.
"Donc ca doit être décidé en pleine nuit, et ensuite, mettre l'armée devant chaque banque, et aux frontières pour éviter les départs de gens avec des valises de billets. Cf Argentine, ou même sans les difficultés techniques la sortie du currency board avait été violente"
Violent oui, mais efficace plus encore. Je voudrais disposer d'un contre-factuel pour savoir dans quel état serait l'Argentine aujourd'hui si elle avait conservé le currency board. Ce qui est sûr, c'est qu'il a été abandonné en 2002, et que dès 2003, le taux d'intérêt réel est reparti à la baisse, l'investissement à la hausse, le PIB à la hausse, et le chômage à la baisse. La crise Argentine n'a laissé de bons souvenirs à personne, mais j'ose dire que le plus douloureux s'est produit avant l'abandon du currency board.
"De mon côté je vois mal comment on pourra échapper à la monétisation, parce que viendra un moment ou ce sera ça ou la disparition de l'euro."
Je suis pas sûr que merkel ne préfère pas la disparition de l'Euro à la monétisation de la dette Grecque, qui serait vraisemblablement suivie par d'autres monétisations. Cela dit, on en revient à l'alternative présentée dans le billet : la BCE rachète, ou on retourne aux monnaies nationales. J'aimerais qu'existe une troisième voie, mais je ne vois pas.
La situation grecque et ses conséquences pour la zone euro restent inintelligibles pour beaucoup.En réalité les plans successifs d’ « aide » sont assortis de taux d’intérêts exorbitants(>15% soit l’équivalent de crédits revolving à répétition comme le titrait fort intelligemment l’hebdo Télérama)si bien qu’ils ont eu pour conséquence inévitable de faire exploser la dette grecque.A la forte augmentation du service de la dette se sont ajoutées les différentes coupes budgétaires qui ont aggravé la situation économique de ce pays.En effet,ces coupes budgétaires ont fait reculer le PIB(situation assez rare et qui s’appelle la DEPRESSION).L’ensemble de ces mesures irresponsables ont asséché les recettes fiscales déjà très faibles qui mettent l’Etat grec dans l’impossibilité de rembourser la dette astronomique qui s’est accumulée et qui repose en définitive sur un nombre insuffisant de contribuables grecs.Si bien que ce sont les fonctionnaires ainsi que les retraités( !)qui finissent par assumer la gestion calamiteuse des finances publiques des dirigeants grecs et européens.Non seulement les différents plans d’ « aide » ou d’ « ajustement structurel » sont profondément injustes socialement mais surtout inefficaces économiquement puisqu’ils rendent MECANIQUEMENT la Grèce incapable de rembourser l’empilement des prêts successifs qui lui ont été « concédés ».Les dirigeants européens ont,d’une certaine façon,placé autoritairement la Grèce en situation de surendettement et de cessation de paiement.Mais je vais un peu plus loin :de telles politiques européennes,par l’injustice et les conséquences sociales qu’elles produisent,par l’impasse économique qu’elles provoquent(remboursement impossible)sont criminelles.En quoi les fonctionnaires et retraités grecs sont-ils responsables du refus de l’impôt de la part des classes privilégiées grecques(armateurs et ecclésiastiques),du recours contraint au crédit à des conditions indignes d’une démocratie(l’usure n’est-elle pas interdite ?en France le crédit revolving n’est-il pas dans le collimateur du législateur ?).Les dirigeants de la droite grecque associés aux dirigeants européens tout aussi responsables ont placé autoritairement le peuple grec dans une situation explosive en le contraignant à l’insurrection.L’appartenance à l’UE n’est pas le problème.Le problème est la gestion calamiteuse,pour ne pas dire criminelle de classes dirigeantes grecques et européennes qui entendent bien mettre à genoux le PEUPLE grec pour lui demander ensuite de marcher.Ce qui est évidemment malaisé et contraint mécaniquement la Grèce à une crise politique majeure.L’Union européenne n’est donc pas tant menacée par l’euro que par les politiques économiques qui y sont menées.Car cette Europe néolibérale a pour fonction et pour projet de TONDRE les peuples et de placer autoritairement les pays européens dans une impasse économique.Du reste,si tant est que l’explosion sociale n’ait pas lieu,l’implosion du système financier(du fait de l’accroissement des dettes souveraines consécutivement aux différents crédits consentis par les marchés financiers à des conditions peu intéressantes et à l’assèchement des finances publiques par le non-paiement de l’impôt par des classes privilégiées totalement irresponsables)paraît inévitable.L’enchainement mécanique et inexorable des faits pourrait être présenté de la façon suivante :
-Assèchement des recettes fiscales (niches, « optimisation fiscale »et autres exonérations fiscales + fraude et évasion fiscales « organisées »)
-Forte augmentation des dettes souveraines + plans d’austérité (baisse des dépenses publiques + taxes sur la consommation)
-Contraction des marchés intérieurs (diminution de la consommation et des investissements) + baisse des rentrées fiscales,accroissement des déficits publics et des dettes publiques
-Nouveaux emprunts des Etats sur les marchés financiers à des taux de plus en plus élevés (ex.l’Italie) + forte augmentation du service de la dette
-Plans d’aide aux banques (« recapitalisation ») + aggravation de la situation des finances publiques de différents pays de la zone euro
-Recul de plus en plus marqué de l’activité économique = entrée en récession puis en dépression
-Coupes dans les dettes dites « souveraines » = banques détentrices de titres de dettes exposées à des risques de faillite de plus en plus importants (fonds propres insuffisants en dépit des fameux accords de Bâle)
-Plans de recapitalisation des banques défaillantes impossibles et insuffisants en dépit du fameux FESF (qui serait autrement plus utile à des investissements qui font cruellement défaut dans la zone euro)
-Comptes de trésorerie des banques maquillés et restés secrets + faillites bancaires successives + économies à l’arrêt
-Nationalisation de l’ensemble du réseau bancaire rendue inévitable + défauts sur les dettes + refonte du système bancaire (en premier lieu le crédit celui-ci étant vital pour l’économie) et financier (régulation)
Pour l’heure « il n’y a pas de problème » pour les dirigeants du monde occidental,notamment au sein du G20 qui est devenu en quelque sorte le dernier salon où l’on cause.Sans catastrophe aucunes reformes ni mesures responsables ne peuvent être envisagées.En attendant les populations sont prises en otage et condamnées à croire au miracle par des élites économiques et politiques totalement irresponsables et un peu obtuses.Le nouveau slogan de ces mêmes « élites » pourrait être « vive la crise ! » ou « vive la dépression ! »